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CRÉATION DU SPECTACLE LE 19 MAI 2016

Avec les comédiens : Michael Bonnet, Davy Fournier et Stéphane Guillaumon

Un groupe d'artistes-performeurs est constitué à chaque nouvelle édition de la performance.

Mise en scène et scénographie : Benjamin Forel

Accessoires et réalisation scénique : Marie-Pierre Morel-Lab
Lumières : Grégoire Plancher
Régie plateau et réalisation scénique :Alexandre Bazan
Administration et production : Laure Femminino

Didascalies

{nom féminin, du grec didaskalia, enseignement

Indication donnée par un auteur de théâtre sur son manuscrit.}

Règles du jeu d’une expérience jouée :

60 didascalies* / 60 spectateurs

Chaque spectateur reçoit une didascalie à l’entrée de la salle

1 actrice et 2 acteurs à disposition du public

Durée de l’expérience jouée – 1h

 

Les spectateurs ont la responsabilité collective de construire un spectacle fait d’images, de mouvements et de matières. A n’importe quel moment, ils sont libres de lancer aux acteurs, à voix haute, leur didascalie, de rompre ou de répéter.

 

(Rappeler au public qu’il est interdit de quitter la salle pendant l’heure de jeu.

Lui rappeler aussi que tout ce qui n’est pas interdit est autorisé.

* Les didascalies sont issues du répertoire d’auteurs contemporains vivants :
Howard Barker, Léonore Confino, Martin Crimp, Lucie Depauw, Jan Fabre, Claudine Galea,
Rodrigo Garcia, Laurent Gaudé, Peter Handke, Anja Hilling, Joël Jouanneau, Yoann Lavabre, Robert Lepage, Dea Loher, Patrick MaCabe, Fabrice Melquiot, Philippe Minyana, Wajdi Mouawad, Lars Norèn, Valère Novarina, fausto Paravidino, Joël Pommerat, Olivier Py,
Biljana Srbjanovic, Marius Von Mayenburg…

La création du spectacle Didascalies est née du désir de rechercher, avec les acteurs, l’étymologie de leur propre métier.

 

 

L’acteur, celui qui agit. Qu’est-ce que cela veut dire d’être sur un plateau de théâtre ? Et pour y faire quoi ? L’acteur agit. L’acteur acte.

Ce n’est pas la parole portée sur scène qui me préoccupe dans cette création. C’est ce qui amène à la parole. C’est la réalité d’avant puis d’après le langage des mots. La didascalie donc. Ce que l’auteur a placé avant le mot. Les mots amènent une résolution. Je m’attarde sur les questions.

Je travaille ce spectacle comme un jeu, comme des défis d’enfant. Ceux-là même qui chamboulent les codes ordonnées. C’est ainsi dans l’amusement que tout commence : choisir des pièces de théâtre, retirer toutes les répliques et ne garder que « l’os à moelle », le geste, l’action de faire quelque chose. Tout le théâtre est là dans sa forme la plus ancienne, la plus primaire : être sur scène pour faire quelque chose. Être sur scène pour montrer quelque chose que l’on fait. Être sur scène et faire du théâtre avec la définition de Brook : « Le théâtre : endroit d’où l’on regarde.»

Débarrassés de la parole, les acteurs fouillent les entrailles du théâtre, eux aussi ils jouent. Jouer, ce verbe que l’on utilise aussi bien pour les acteurs que pour les enfants. L’enfant : l’infant, celui qui ne parle pas.

 

J’ai le sentiment que, comme un jeu de dupes sous les apparences de l’extrême violence quotidienne de corps exposés, nous sommes en train de réaliser un spectacle extrêmement enfantin. Éloigné de l’intellectuel ou du culturel, un spectacle sur la matière, le sens du toucher et du contact avec « l’autre. » Sur le plaisir d’être avec « l’autre. » Peut-être parce que j’ai envie de penser le spectacle comme une géographie collective, ou la place de l’acteur et la place du public est interrogée.

L’individu est une constellation contradictoire et c’est à l’aide d’une soixantaine de didascalies d’auteurs contemporains vivants que je confronte l’acteur à sa propre nécessité d’être sur scène. Je le laisse s’enfoncer dans les sables mouvants, là où rien n’est joué d’avance. Il est la proie des apparences et nous le regardons se débattre au présent.

 

Pour interroger la place du spectateur, je lui céderai tout simplement ma place en lui donnant la parole. C’est le public qui choisira l’ordre d’enchainement des didascalies, en jeu, directement pendant la représentation et en réaction libre face au plateau. Pouce en l’air, pouce en bas, ce sera au public de se confronter à l’acteur.

L’acteur devenant, à plus d’un titre, la matière à jouer du spectateur, la matière originelle du théâtre. L’acteur confronter au public, l’acteur comme serviteur d’un art, face à l’inconnu du temps, le présent.

 

Benjamin Forel

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