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Viens, viens petite, viens...

2014

CRÉATION DU SPECTACLE LE 15 NOVEMBRE 2014

Avec les comédiens : Davy Fournier, Olivier Gabrys, Cécilia Schneider

Mise en scène et scénographie : Benjamin Forel

Costumes : Marie-Pierre Morel-Lab
Musiques : Quentin Thirionet
Lumières : Grégoire Plancher
Administration et production : Laure Femminino

Être spectateur de « Viens, viens petite, viens … », le dernier « Opus pour trois comédiens et une piscine » orchestré par Benjamin Forel et son singulier Ineffable Théâtre, c’est faire l’expérience positivement dérangeante d’un théâtre-performance contemporain hors-norme qui ne laisse pas indemne, d’autant plus que le corps y est à l’honneur mais sans aucune esbroufe.

Les textes noirs et puissants d’Hanokh Levin sont finement distillés au sein d’un cocktail (explosif) à haute teneur poétique, politique et métaphysique. Rien d’étonnant au vu de l’engagement d’une Troupe basée sur un sens profond du collectif et particulièrement attentif à « la place du spectateur ». La parole y est ainsi incarnée plutôt que mise en scène grâce à l’énergie renversante déployée par ce trio de corps en tensions variables et aux chorégraphies millimétrées.

Ces deux hommes et cette femme semblent permettre à tous les champs du désir de s’exposer et parfois d’exploser … Mais si les rapports humains sont manifestés dans toute leur complexité et leur violence réelle ou potentielle (objectivation, pouvoir, manque, frustration, opposition, ratage, conflit intergénérationnel, pulsions, répulsion, etc), il ne s’agit en rien d’un catalogue d’émotions en self-service.

Il est à noter qu’une bonne dose d’humour parvient aussi à sauver ce qui peut l’être… Le dispositif scénique d’apparence plutôt minimaliste regorge en fait d’ « accessoires », ou devrait-on dire de matières ou matériaux symboliques, qui apportent une densité exceptionnelle à l’ensemble.

Alors oui, assister à une représentation de « Viens, viens petite, viens … » dans un lieu dédié ou non, plus ou moins public, alternatif ou privé, c’est peut-être se laisser aller à un « bain de jouvence » cathartique et revigorant, loin d’être déprimant malgré sa noirceur et qui donne autant à ressentir subjectivement qu’à réfléchir à l’universel du corps, de soi et des autres.

 

Gérald Bortoluzzi

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