La proposition Didascalies menée autour de la transdisciplinarité, est une approche ludique et instinctive entre le théâtre, la danse et la performance. Cette proposition est conçue comme un parcours pédagogique destiné au plaisir de jouer avec comme matières principales : son corps et ses émotions. 

Créé avec une équipe d’acteurs/danseurs professionnels, le concept original de cette création est de « monter un spectacle » de physical theatre à partir de didascalies d’auteurs vivants et des souvenirs, sensations qu’évoquent ces didascalies aux interprètes. Fidèle à la performance, la construction du travail tourne le dos à la fable et à la dramaturgie du réel. Les séquences de chaque didascalie sont répétées en amont du rendez-vous avec le public, mais le spectacle est « monté » en direct par les spectateurs qui choisissent, à leur guise, l’ordre et la durée des actions. Interpellé par le questionnement de Jacques Rancière sur le dissensus, par sa manière de définir la démocratie comme une confrontation de points de vue opposés et par l’acceptation d’esthétiques divergentes, Didascalies est avant tout un jeu sur le positionnement.
Le désir de transmettre cette expérience, comme un outil pédagogique artistique et sociologique, est né à l’issue des vingt-six représentations données par les interprètes de la compagnie. Une première expérience pédagogique de transmission du travail a été réalisée avec seize étudiants volontaires de l’Université Lumière Lyon 2 au printemps 2018. C’est avec une fraîcheur bienfaitrice pour l’art vivant qu’ils ont exploré les rapports entre leur corps, leur monde intérieur et le contact du réel. Libres de tout, à condition de ne jamais (se) mentir, les étudiants ont pu proposer et jouer avec une palette d’émotions personnelles que j’ai chorégraphiée et assemblée en solos, duos ou mouvements de ballet. L’énergie, l’engagement corporel et la nudité tiennent une place importante dans la pièce Didascalies. La finalité de ce parcours pédagogique est que les participants gagent en disponibilité et en générosité dans le temps présent de leurs actions et dans le lien continu avec le public. Public tout aussi vivant qu’eux.

Benjamin Forel